1 284 euros par mois : c’est le montant moyen de la pension de base d’un travailleur non salarié en 2024. Derrière ce chiffre, une réalité bien plus complexe : même après la liquidation de la retraite, bon nombre d’artisans ou de professionnels libéraux voient la ponction sociale se poursuivre, sans pour autant engranger le moindre droit supplémentaire.
Comprendre les cotisations retraite pour les travailleurs non salariés : qui est concerné et pourquoi ?
Poursuivre une activité indépendante après avoir liquidé sa pension ne dispense pas de verser des cotisations retraite. Dès lors qu’un revenu professionnel tombe, la mécanique s’enclenche. Mais à qui s’adresse cette règle ? Artisan, professionnel libéral, micro-entrepreneur, chef d’entreprise, conjoint collaborateur ou encore conjoint associé : chacun relève d’un statut précis, qui conditionne l’organisme de rattachement et la grille de prélèvements.
Les professions libérales dépendent typiquement de caisses autonomes comme la Cipav ou la CnavPL. Les commerçants et artisans, eux, cotisent via l’Urssaf à la Sécurité sociale des indépendants. Pas de répit : tant que l’activité génère des revenus, la contribution reste due, peu importe l’âge ou le montant de la pension déjà servie.
Le mode de calcul varie. Pour les micro-entrepreneurs, la règle tient en une ligne : un taux forfaitaire appliqué au chiffre d’affaires, point. Sans égard pour l’ancienneté ou le niveau de pension. Les autres travailleurs non salariés voient leurs cotisations indexées sur leur revenu net professionnel. Le chef d’entreprise peut parfois bénéficier d’allégements ou d’exonérations, mais celles-ci restent strictement encadrées.
Pour y voir plus clair, voici comment les principales catégories de travailleurs non salariés s’acquittent de leurs cotisations :
- Les professions libérales réglementées versent leurs contributions à des caisses propres à chaque profession, chacune fixant ses règles de calcul.
- Les conjoints collaborateurs et conjoints associés relèvent de régimes particuliers, avec des modalités spécifiques pour les droits et les montants dus.
La cotisation maximale s’ajuste selon les revenus, parfois plafonnée, mais toujours exigible dès le premier euro déclaré. Ce système vise à maintenir la solidarité entre les générations, même si la pension de retraite est déjà en paiement.
Taux de cotisation et montants à prévoir selon votre statut (artisan, commerçant, profession libérale)
Les taux de cotisation ne se ressemblent pas d’un statut à l’autre. Pour un artisan ou un commerçant, l’Urssaf prélève autour de 17,75 % du revenu professionnel, ce qui inclut la part pour la retraite de base et la retraite complémentaire. Ce taux s’applique sur le revenu annuel déclaré, après abattement, et s’arrête net au plafond annuel de la sécurité sociale (PASS).
Les professions libérales réglementées sont soumises à des barèmes dictés par leur caisse. Les taux varient entre 10 % et 18 % pour la retraite de base, auxquels s’ajoute une cotisation complémentaire en points. Ces points, crédités chaque année, s’accumulent sur le compte du cotisant et pèseront sur le montant futur de la pension. La valeur d’achat et de service du point diffère notablement d’une caisse à l’autre.
Pour comparer les différents profils, voici quelques repères utiles :
- Un artisan ou commerçant paie environ 17,75 % du revenu net, plafonné à 46 368 € pour la retraite de base en 2024.
- Une profession libérale suit les taux propres à sa caisse : par exemple, 10,10 % du revenu jusqu’au PASS à la Cipav, puis 1,87 % au-delà.
- Pour la retraite complémentaire, le calcul repose sur un système de points, chaque régime fixant la valeur et le rendement.
Le montant total des cotisations résulte de la combinaison entre le régime de base et le régime complémentaire, sans oublier parfois la contribution à la formation professionnelle. La fréquence et le niveau des versements jouent un rôle clé pour valider des trimestres et engranger des points de retraite complémentaire, pierre angulaire de la pension à venir.
Travailleurs non salariés : quelles différences avec le régime salarié sur la retraite ?
En matière de retraite, le fossé entre travailleurs non salariés et salariés demeure marqué. Le salarié dépend du régime général (CNAV ou Carsat) et du régime complémentaire Agirc-Arrco. Les cotisations sont prélevées à la source, déclarées et versées par l’employeur. Sa pension s’appuie sur le salaire annuel moyen et le nombre de trimestres validés.
L’indépendant, qu’il soit artisan, commerçant ou professionnel libéral, relève d’un dispositif spécifique, géré par l’Urssaf et une caisse dédiée (CnavPL, Cipav, Carmf…). La retraite complémentaire fonctionne par points, chaque organisme appliquant ses propres paramètres. Ici, c’est le revenu professionnel déclaré qui conditionne le montant versé. L’absence d’intermédiaire expose à des oublis ou des sous-déclarations, susceptibles de peser lourd sur la validation des trimestres et la pension finale.
| Salariés | Travailleurs non salariés | |
|---|---|---|
| Âge légal de départ | 62 à 64 ans (selon année de naissance) | 62 à 64 ans (identique) |
| Calcul de la pension | Salaire annuel moyen, durée d’assurance | Revenu professionnel déclaré, points complémentaires |
| Pension minimale | Minimum contributif | Montant variable selon revenus et caisse |
| Pension de réversion | Oui, conditions de ressources | Oui, conditions propres à chaque caisse |
Le minimum contributif garantit un montant de base aux salariés ayant cotisé sur de petits salaires. Côté indépendants, le niveau minimal dépend du revenu déclaré et du régime de rattachement. Le cumul emploi-retraite n’obéit pas non plus aux mêmes règles : plafonné pour les salariés, soumis à conditions chez les non-salariés, il peut limiter l’ouverture de nouveaux droits.
Prélèvements sociaux, exonérations et cas particuliers : ce qu’il faut savoir pour optimiser sa situation
Au moment de toucher leur pension, les retraités sont confrontés à plusieurs prélèvements sociaux. La CSG, la CRDS et la CASA sont retenues à la source, en fonction du revenu fiscal de référence. Les taux appliqués varient selon le niveau de ressources, avec des abattements pour les revenus plus faibles. Les retraités vivant hors de France sont aussi concernés par la cotisation d’assurance maladie.
Certains peuvent bénéficier d’une exonération partielle ou totale de ces cotisations, selon leur revenu fiscal de référence et la composition du foyer. Les personnes percevant l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) ou l’allocation adulte handicapé sont dispensées de la plupart de ces prélèvements. Les pensions de réversion répondent à des règles particulières, propres à chaque caisse.
En cas de cumul emploi-retraite, les cotisations vieillesse restent dues sur les revenus d’activité, sans générer de nouveaux droits si la pension de base a déjà été liquidée à taux plein. Cela implique que la fiscalité et les contributions sociales s’appliquent au montant global perçu.
Pour anticiper sa retraite et compléter ses revenus, plusieurs dispositifs existent :
- le plan d’épargne retraite (PER),
- l’assurance vie.
Ces solutions peuvent, selon la situation, offrir une source complémentaire de revenus et profiter d’une fiscalité allégée lors de la sortie.
Continuer à travailler en étant retraité, c’est accepter de jouer avec les règles du jeu social, parfois rugueuses, mais la partie en vaut la chandelle pour qui sait s’y préparer. La question n’est plus seulement de savoir combien verser, mais comment rester maître de son parcours et de ses choix.


