Personnes âgées : Pourquoi dorment-elles la bouche ouverte ?

À soixante-cinq ans, le corps ne ment plus : le sommeil profond s’effiloche, les réveils s’invitent sans prévenir. Les muscles du visage et de la gorge, jadis vigoureux, cèdent du terrain. La respiration nocturne s’en trouve transformée.

Peu à peu, la bouche s’ouvre d’elle-même pendant la nuit, et tout s’enchaîne : la sécheresse s’installe, la santé buccale et respiratoire vacille. Ce n’est pas un hasard, ni un simple caprice du temps qui passe. Des facteurs médicaux, des traitements, tout vient accentuer cette habitude qui s’impose chez les seniors.

Un phénomène fréquent chez les seniors : dormir la bouche ouverte

Chez les personnes âgées, la respiration buccale durant le sommeil n’a rien d’exceptionnel. Le fonctionnement des voies respiratoires change au fil des ans : les tissus s’assouplissent, la salivation ralentit. Résultat, la bouche s’entrouvre sans que l’on s’en rende compte, l’air passant moins facilement par le nez.

Cette respiration bouche ouverte s’installe souvent discrètement, encouragée par le vieillissement et par certains troubles associés. Les seniors, plus exposés à l’obstruction nasale et à la sécheresse des muqueuses, voient leur sommeil perturbé. Ce phénomène se manifeste autant lors des phases profondes que lors des nombreux micro-réveils qui jalonnent les nuits après un certain âge.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. La respiration buccale vient bousculer la qualité du sommeil, aggraver certains troubles du sommeil et fragiliser la sphère bucco-dentaire. Dormir la bouche ouverte, c’est s’exposer à une sécheresse accrue, à la prolifération de bactéries, à un risque supérieur de caries ou d’infections.

Ce tableau n’est pas rare chez les seniors, mais il reste possible de limiter ses effets. Mieux connaître ces changements physiologiques, s’intéresser à la qualité du sommeil et à la santé respiratoire, voilà qui permet d’atténuer cette tendance trop vite reléguée au rang de détail.

Quelles sont les causes derrière cette habitude ?

Rien d’aléatoire ici : si la respiration buccale s’impose la nuit chez les personnes âgées, c’est le résultat de plusieurs évolutions. Les tissus se fragilisent, la musculature perd de sa force, la dynamique des voies aériennes change. Mais la congestion nasale chronique tient un rôle central. Allergies, rhumes à répétition, déviation de la cloison nasale ou polypes nasaux : autant d’obstacles qui entravent la respiration par le nez.

Facteurs favorisants Incidence sur la respiration
Allergies, rhumes Obstruction transitoire des voies nasales
Médicaments Sécheresse et congestion accrues
Déviation de la cloison nasale, polypes, hypertrophie des amygdales Réduction du calibre nasal
Tabagisme Irritation chronique, inflammation
Faiblesse musculaire liée à l’âge Baisse du tonus, ouverture involontaire de la bouche
Position dorsale durant le sommeil Favorise l’ouverture de la bouche

Certains médicaments accentuent la sécheresse des muqueuses et compliquent la respiration nasale. Chez les seniors, la combinaison de ces facteurs crée un terrain propice à la respiration bouche ouverte. Les anomalies anatomiques, déviation de la cloison nasale, hypertrophie des amygdales, s’ajoutent, tout comme la position allongée sur le dos, fréquente à cet âge. La fragilité musculaire rend la fermeture de la bouche plus difficile encore pendant le sommeil.

Les praticiens le constatent souvent : un simple rhume, le retour des allergies, une nouvelle ordonnance, et la bouche s’ouvre la nuit, parfois sans que la personne s’en aperçoive. La qualité du sommeil s’en ressent, tout comme le confort respiratoire.

Des impacts sur la santé à connaître pour mieux se protéger

La respiration buccale nocturne chez les seniors ne se limite pas à un désagrément passager. Dormir la bouche ouverte, c’est s’exposer à une sécheresse buccale persistante, qui favorise l’installation des bactéries. La salive, protectrice naturelle, se fait rare. Les caries dentaires et maladies des gencives deviennent plus menaçantes. L’haleine s’altère, les muqueuses s’enflamment, les infections s’invitent.

Mais il y a plus. Passer la nuit bouche ouverte, c’est aussi augmenter la fréquence des ronflements et exposer à l’apnée du sommeil. À la clé : sommeil morcelé, fatigue persistante, somnolence diurne. Chez les seniors, la vigilance fléchit, le risque de chute grimpe, le quotidien se complique.

Voici les problèmes de santé qui peuvent survenir dans ce contexte :

  • Augmentation du risque de maladies cardiovasculaires
  • Hypertension artérielle et accident vasculaire cérébral
  • Développement de troubles ORL chroniques

À force, le système cardiovasculaire encaisse lui aussi. Des recherches pointent une corrélation avec l’hypertension artérielle et l’accident vasculaire cérébral. Les troubles du sommeil, souvent minimisés, pèsent sur l’autonomie. Les gencives deviennent sensibles, la bouche reste sèche au réveil, la somnolence s’installe : autant de signaux à prendre au sérieux pour préserver sa santé.

Homme agee se reposant dans un fauteuil lumineux

Des conseils pratiques et quand consulter un professionnel

La respiration buccale nocturne n’est pas une fatalité. Plusieurs habitudes ont fait leurs preuves pour atténuer le problème. Avant tout, miser sur un dégagement nasal efficace : rincer les fosses nasales avec du sérum physiologique, surtout en période d’allergie ou de rhume. Un humidificateur d’air dans la chambre limite la sécheresse, soulage gorge et muqueuses.

Modifier la position de sommeil fait souvent la différence. Dormir sur le côté, plutôt que sur le dos, aide à garder la bouche fermée. Autre piste : la rééducation myofonctionnelle avec un orthophoniste, pour renforcer la tonicité des muscles oro-faciaux. L’arrêt du tabac, une activité physique adaptée et de bonnes habitudes de vie contribuent aussi à améliorer la qualité du sommeil.

Certains dispositifs ou traitements peuvent également être envisagés :

  • Utiliser des appareils buccaux prescrits pour corriger des anomalies anatomiques.
  • En cas de troubles sévères (apnée du sommeil, obstruction nasale chronique), des solutions comme la CPAP ou une intervention chirurgicale sont parfois proposées.

Il est judicieux de prendre rendez-vous avec un médecin ou un dentiste si la bouche sèche, les troubles du sommeil ou des douleurs buccales persistent. Un professionnel saura déterminer l’origine du problème, qu’elle soit mécanique, infectieuse ou liée à un traitement, et proposer une solution adaptée à chaque patient âgé.

Quand la bouche s’ouvre la nuit, c’est tout un équilibre qui vacille. Rester attentif à ces signaux, c’est choisir de préserver bien plus qu’un simple confort nocturne.